La solidarité internationale, l’autre priorité des Françaises et des Français

25 avril 2019

Lettre ouverte des ONG françaises de la solidarité internationale au président de la République pour qu’il tienne ses promesses, et que la prochaine loi d’orientation pour le développement soit assortie d’une programmation budgétaire. « Nous la souhaitons ambitieuse dans ses objectifs et dédiée aux droits humains, à la lutte contre la pauvreté, les inégalités et le dérèglement climatique. Nous la souhaitons ambitieuse aussi dans ses moyens pour atteindre 0,55 % du RNB en 2022 et fixer l’objectif de 0,70 % en 2025. »

Monsieur le Président

Quelques mois après votre prise de fonction, vous avez annoncé mettre la politique de développement au cœur de la politique étrangère de la France et à cette fin relever ses moyens pour atteindre 0,55 % du revenu national brut en 2022. Vous avez ensuite souhaité que la prochaine loi d’orientation pour le développement soit assortie d’une programmation budgétaire incluant cette trajectoire. Nos organisations, associations et syndicats, actrices de la solidarité internationale, avec toutes celles et ceux qui sont engagés au quotidien pour cette cause, avaient salué ces annonces. Il était attendu que cette loi soit votée au printemps 2019 ce qui aurait été une façon concrète pour la France de prouver son engagement à l’occasion de l’accueil du G7 en août et de la présentation de sa feuille de route pour les Objectifs de développement durable (ODD) aux Nations unies en septembre.

Report après report, le projet aboutirait au mieux à l’automne 2019 ! La France a certes engagé un redressement de son aide publique, mais la progression reste trop faible pour atteindre l’objectif visé. En l’absence de la visibilité que doit donner la loi, nous sommes amenés à nous interroger sur l’actualité de l’ambition posée initialement. Quel sens aurait une programmation budgétaire décidée pour les deux seules dernières années du quinquennat ?

Comment comprendre et accepter la contradiction entre, d’un côté, des déclarations fortes et répétées sur les enjeux internationaux (accord de Paris, ODD) et, de l’autre, le retard et l’absence de calendrier pour la présentation de cette loi ? Traduction des ambitions françaises en matière d’aide publique au développement, cette loi ne peut plus attendre car elle est aussi l’incarnation de la contribution solidaire de la France à l’équilibre du monde.

Chaque jour, l’actualité nous rappelle les effets dramatiques des dérèglements climatiques, de la pauvreté, de la faim, des inégalités sociales, des discriminations de genre et des violences faites aux femmes. Les zones de crise humanitaire s’étendent, notamment celles dues aux conflits. Nos organisations sont mobilisées parce que nos sociétés sont interdépendantes, parce que les enjeux auxquels nous faisons face sont universels et parce qu’il ne peut y avoir de réponse durable dans un seul pays. C’est ce que consacrent l’agenda 2030 du développement durable et l’accord de Paris sur le climat de 2015.

Les citoyennes et citoyens en France en sont conscients. Conscients de l’urgence climatique et solidaire comme l’ont démontré notamment leurs contributions au Grand débat national et leurs mobilisations régulières depuis des mois. Leur lucidité quant à la communauté de destin qui lie tous les peuples du monde explique que notre société est profondément attachée à la solidarité internationale et à l’action des ONG pour la mettre en œuvre comme le montrent les derniers sondages[1].

Près de 8 Français sur 10 sont favorables au soutien des pays en développement et plus de deux tiers à une hausse du budget de la politique de développement, Baromètre AFD/CSA 2019 : Les Français et la politique d’aide au développement, Paris, AFD/CSA, Avr. 2019.

Une accélération est indispensable pour redonner force à cette politique. Nous la souhaitons ambitieuse dans ses objectifs et dédiée aux droits humains, à la lutte contre la pauvreté, les inégalités et le changement climatique. Nous la souhaitons ambitieuse aussi dans ses moyens pour atteindre 0.55 % du RNB en 2022 et fixer l’objectif de 0.70 % en 2025. Nous souhaitons que l’aide publique au développement donne une place centrale aux pays partenaires dans les choix des priorités, avec la pleine participation de la société civile, ici comme dans les pays partenaires, pour plus de proximité, de participation et d’appropriation démocratique. Nous la souhaitons centrale enfin dans l’agenda gouvernemental afin que toutes les politiques publiques soient mises en cohérence avec ses objectifs.

Monsieur le Président, en matière de solidarité internationale, l’urgence est dramatiquement là, il s’agit d’y répondre avec davantage que des mots.

[1] Cf. Baromètre AFD/CSA 2019, sondage réalisé du 11 au 20 février 2019, Paris, AFD/CSA, Avr. 2019

 

Pour en savoir plus, Coordination Sud

Premières organisations signataires :

Coordination SUD, Philippe JAHSHAN, président

Asmae-Association soeur Emmanuelle, Alain Barrau, président du conseil d’administration

OXFAM France, Cécile DUFLOT, directrice générale

Etudiants & Développement, Ruvie GAMBIA, président

Action contre la faim, Thomas RIBEMONT, président

GRDR Migration-Citoyenneté-Développement, Francis MONTHÉ, président

Fédération Handicap International, Manuel PATROUILLARD, directeur général fédéral

Secours Islamique France, Rachid LAHLOU, président

Médecins du Monde, Philippe de BOTTON, président

Première Urgence Internationale, Vincent BASQUIN, président

Coordination Humanitaire et Développement (CHD), Xavier Boutin, Thierry Mauricet, co-présidents

Secours Catholique – Caritas France, Bernard THIBAUD, secrétaire général

CCFD – Terre solidaire, Sylvie BUKHARI de PONTUAL, présidente

CRID, Emmanuel POILANE, président

GRET, Olivier BRUYERON, directeur général

SOS Villages d’Enfants France, Isabelle MORET, directrice générale

Groupe Initiatives, Pierre JACQUEMOT, président

CLONG-Volontariat, Guillaume NICOLAS, vice-président

Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations (FORIM), Thierno CAMARA, président

La Chaîne de l’Espoir, Jean-Roch SERRA, directeur général

EDUCASOL, Carole COUPEZ, présidente

AIDES, Aurélien BEAUCAMP, président

Ligue des droits de l’Homme, Malik SALEMKOUR, président

Le Planning Familial, Véronique SEHIER, coprésidente

CARE France, Philippe LEVEQUE, directeur général

Fondation Energies pour le Monde, Vincent JACQUES le SEIGNEUR, directeur général

ECPAT France, Emilie VALLAT, directrice

HAMAP-Humanitaire, Joël KAIGRE, président

Réseau Foi & Justice Afrique Europe antenne France, Jean-Louis MAROLLEAU, secrétaire exécutif

Association HUMATEM, Cathy BLANC-GONNET, directrice-coordinatrice

Comité Français pour la Solidarité Internationale, Yves LE BARS, président

SOLTHIS, Louis PIZARRO, directeur général

MEDAIR France, Annick BALOCCO, directrice

F3E, Pauline DE LA CRUZ, présidente

Planète Enfants & Développement, Stéphanie SELLE, directrice

Coalition Eau, Sandra METAYER, coordinatrice

Solidarité Laïque, Anne-Marie HARSTER, présidente

Agronomes et Vétérinaires sans Frontières, Frédéric APOLLIN, directeur

Ingénieurs sans frontières, Guillaume NATAF, président

Initiative Développement, Marie-Françoise PLUZANSKI, présidente

GERES, Laurence TOMMASINO, déléguée générale

Acting for Life, Bertrand Lebel, directeur exécutif

Action Santé Mondiale, Bruno Rivalan, directeur exécutif adjoint

CEMEA, Jean-Luc CAZAILLON, directeur général

Réseau Associatif pour le Développement et la Solidarité Internationale

Nouvelle-Aquitaine (RADSI Nouvelle-Aquitaine), Josyane Pérez, présidente

Plan International France, Yvan SAVY, directeur

Terre des Hommes France, Lysiane ANDRE, présidente

Aide et Action, Gwenaëlle BOUILLE, présidente

One, Friederike RÖDER, Directrice Union européenne et France

Cnajep, François MANDIL, président

Asso 4D, Benoît SIMON, président

Futur Au Présent International, Matthieu GAUTIER, directeur Général

ATD Quart Monde, Paul Maréchal, Délégué national

APDRA – Pisciculture paysanne, Claire GSEGNER, présidente

RéCiDev, Patrice BERNARD, président

BISS, Agnès RIZZO, directrice

Agrisud International, Yvonnick HUET, directeur général

GREF, Agnès RIFFONNEAU, présidente

Sidaction, Florence THUNE, directrice Générale

Solidarités International, Antoine PEIGNEY, président

Groupe URD, François Grunewald, directeur général et scientifique

RéCoSol – GESS, Ablavi – Antoinette A. ADJEODA – IVON, déléguée générale

Conseil des Béninois de France, Jean-Charles AHOMADEGBE, président

COSIM HDF , Corinne NDJIKEU, présidente

CARI, Patrice Burger, président

APIFLORDEV – Apiculture Flore Développement, Alain Chevalier, président

Vision du Monde, Camille Romain des Boscs, directrice générale

Solidarité Sida, Luc Barruet, directeur