Témoignage Liban – “Nous pouvons aider les populations à se reconstruire elles-mêmes”

9 novembre 2020

Suite à l’explosion dans le port de Beyrouth le 4 août dernier, l’équipe d’Asmae au Liban s’est mobilisée pour répondre aux besoins de la population des quartiers dévastés. Sur le terrain, en collaboration avec l’association locale Naba’a, nous avons identifié des besoins de première urgence en soutien psychosocial. Actuellement, 200 familles, dont 100 enfants, sont prises en charge. Un soutien psychologique de premier secours est mis en place. Nous avons recueilli le témoignage d’Iman, intervenante chez Naba’a. Diplômée en psychologie, elle fait un constat de la situation actuelle dans les foyers de la région et nous explique en quoi l’aide que nous apportons leur est bénéfique.

Quels changements avez-vous constatés au sein des familles après l’explosion ?

Iman : Nous avons noté une évolution de plusieurs facteurs négatifs au sein de la communauté, tels que la peur, l’inquiétude, le stress, la perte d’espoir et de plan pour l’avenir. Entre les crises économiques, financières et politiques qui sévissent au Liban, l’explosion “n’était que la cerise sur le gâteau”. Une grande majorité de la population adulte déclare ainsi se sentir en insécurité et avoir perdu espoir en l’avenir. Cette tendance ne se ressent pas forcément chez les enfants qui n’ont pas conscience de toutes les crises qu’ils traversent. Cependant, nombre d’entre eux ressentent beaucoup de peur.

En quoi l’aide apportée par Asmae et Naba’a peut-elle aider ces personnes ?

Iman : L’appui psychosocial que nous offrons est très important en cette période. Même si nous ne pouvons pas pallier les dommages matériels et les états de ruines, nous pouvons aider les populations à se reconstruire elles-mêmes.
À Bourj Hammoud, une de nos villes d’intervention, il y a un manque cruel de services. Les enfants restent toute la journée chez eux : ils ne créent pas d’interactions sociales et sont constamment exposés à une atmosphère agressive et violente.
En participant au projet Pss Activities d’Asmae et Naba’a, les jeunes peuvent acquérir des mécanismes d’adaptation et se tenir à l’écart de la télévision et des téléphones portables. De plus, des activités avec les parents, des séances de parentalité positive et des groupes de soutien émotionnel fournissent des techniques à ces derniers sur la manière de communiquer avec leurs enfants, de s’organiser de manière pacifique et de découvrir le caractère de ceux-ci en jouant et en passant du temps avec eux. 

Quelles activités proposez-vous ?

Iman : Nous proposons des séances de Yoga, de l’art-thérapie ainsi que des séances de parentalité positive et des groupes de soutien émotionnel.

Le yoga permet de libérer le stress présent et le trop-plein d’énergie, surtout chez les enfants. C’est en même temps un moyen pacifique de faire face à leurs émotions négatives.

À travers l’art-thérapie l’enfant élimine son traumatisme en essayant de voir les choses de manière positive. C’est également une manière pour eux d’apprendre à gérer leur agressivité et leur hyperactivité.

Finalement, les séances de parentalité positive et les groupes de soutien émotionnel fournissent aux parents les aptitudes nécessaires pour s’organiser et s’occuper de leurs enfants de façon positive. Elles leur apprennent également à mieux se connaître, prendre soin d’eux et à réduire leur colère.