Qui s’occupe des enfants ?

19 novembre 2025

Conflits armés, catastrophes naturelles, déplacements de populations… Partout où le monde se dérègle, il produit de la souffrance.

Une souffrance extrême.  Et cette souffrance est encore pire pour  les plus petits.

À l’heure où l’aide humanitaire internationale se réduit considérablement, n’oublions pas les enfants qui doivent survivre dans notre monde d’adultes.

Politiques, journalistes, citoyens, mobilisons-nous pour les petits. N’ajoutons pas le silence ou l’indifférence à l’insupportable.

Indignons-nous. Témoignons. Agissons.

Quand le monde vacille, qui s’occupe des enfants ?

L’actualité provoque une forme de sidération collective, les urgences se succèdent et relèguent, trop souvent, l’enfance au second plan. Pourtant, ce sont eux qui paient le prix le plus lourd. Ils perdent l’accès à l’éducation, à la protection, à un avenir serein. Ils se retrouvent exposés à la violence, à l’exclusion, aux ruptures familiales, à la faim.

Sœur Emmanuelle refusait l’indifférence. Elle constatait, elle témoignait et elle interpellait, avec une force qui franchissait les frontières. Elle posait les questions que d’autres n’osaient pas poser. Elle observait, elle alertait, elle rappelait que chaque enfant mérite attention et dignité. Aujourd’hui, son héritage nous oblige : nous ne pouvons pas détourner le regard.

Les enfants premières victimes des conflits et de l’exclusion

Selon les dernières données publiées par l’ONU, plus d’un enfant sur six vit aujourd’hui dans une zone de conflit. Pour les équipes d’Asmae – Association Sœur Emmanuelle, présentes dans plusieurs de ces contextes, cette statistique se traduit chaque semaine par des situations de grande vulnérabilité : ruptures de scolarité, violences intrafamiliales, enfants livrés à eux-mêmes lors de déplacements forcés.

  • Au Burkina Faso, où l’insécurité continue de provoquer des mouvements de population, les partenaires d’Asmae ont récemment pris en charge un nourrisson abandonné lors d’une fuite précipitée. L’enfant a été mis à l’abri, nourri et soigné en moins de vingt-quatre heures grâce au dispositif d’urgence appuyé par l’association.
  • En Côte d’Ivoire, l’arrivée de nouveaux enfants réfugiés dans les périphéries d’Abidjan complique la gestion des écoles. Après plusieurs semaines de démarches, 44 d’entre eux ont pu être scolarisés, un accès rendu possible grâce à un travail de médiation mené avec les autorités éducatives locales.
  • En Égypte, où les violences éducatives restent fréquentes, les formations soutenues par Asmae ont conduit 95 % des enseignants concernés à abandonner les punitions physiques, améliorant le climat scolaire pour des classes entières.
  • Aux Philippines, frappées en début d’année par la tempête Kristine, les équipes communautaires formées par l’association ont accompagné 217 enfants en soutien psychosocial et nutritionnel.

Dans un contexte mondial marqué par un recul des droits de l’enfant, 473 millions vivent dans des zones touchées par conflits, pauvreté ou services publics défaillants (UNICEF). Les programmes d’Asmae montrent qu’il existe des leviers : soutenir les familles, renforcer les compétences des adultes et créer des espaces sûrs pour l’expression des enfants. Cette approche, fondée sur la dignité et la co-construction avec les communautés, prolonge l’héritage de Sœur Emmanuelle :  « L’enfant doit être considéré comme un être unique, qui a droit à être respecté, aimé et accueilli tel qu’il est. »

Côte d’Ivoire :
Retrouver le chemin de l’école après l’exil

Quand Adama et sa famille sont arrivés en Côte d’Ivoire, l’école n’était pas une option. «Mes parents n’avaient pas les moyens de payer les frais d’école», explique-t-il. Comme beaucoup d’enfants déplacés, il a dû renoncer à l’éducation pour travailler. « Nous n’allions pas à l’école. J’étais très triste parce que mes frères et moi ne pouvions pas y aller. »

Le programme PEACE a permis de renverser cette réalité. Grâce à l’appui d’Asmae et de ses partenaires, Adama et ses frères ont pu intégrer le système scolaire. Les démarches ont été facilitées, les enseignants sensibilisés, les familles accompagnées. « Grâce à l’aide d’Asmae, nous n’avons plus besoin de garder les bœufs pour d’autres. Nous avons la chance d’aller à l’école. »

France : quand l’urgence devient le quotidien des familles

En France, derrière l’image d’un système protecteur, des milliers d’enfants grandissent dans des conditions qui compromettent leurs droits fondamentaux. Dans les hôtels sociaux, pensés pour l’urgence mais devenus cadre de vie durable, des tout-petits passent leurs premières années dans des chambres exiguës, sans espace pour bouger ni accès à des jeux ou des livres. En Seine-Saint-Denis, 5 261 enfants vivent ainsi, dont 1 448 ont moins de trois ans. Ces environnements fragilisent leur développement moteur, cognitif et social, et la parentalité elle-même, rythmée par des contraintes qui rendent chaque geste du quotidien plus difficile.

Face à cette réalité, Asmae – Association Sœur Emmanuelle agit avec le dispositif Espace Petits Pas. Depuis 2020, ses équipes installent des espaces de jeu et d’éveil directement dans les hôtels sociaux, offrant aux enfants la découverte de la motricité, du langage et de la socialisation, et aux parents un souffle d’accompagnement éducatif. En 2024, 2 920 enfants et 1 500 parents ont bénéficié de ces ateliers, qui rappellent une évidence : les droits de l’enfant ne se limitent pas à un toit, mais à la qualité de vie et aux possibilités d’épanouissement. Une démarche fidèle à l’esprit de Sœur Emmanuelle : agir avec les familles, au plus près des besoins.