Interview d’Amal, Conseillère Technique Asmae en Égypte

25 novembre 2022

En Égypte, les jeunes en situation de handicap ont de grandes difficultés d’accès à l’emploi liées à différents facteurs : l’inadéquation des formations au handicap, un marché du travail inadapté et parfois de la discrimination à l’embauche. L’action menée dans le cadre de « Cap Jeunesse » en Égypte, « Protection Et Inclusion Des Jeunes En Situation De Handicap » (YPIP), lancée en janvier 2021 a pour objectif de développer le potentiel des jeunes filles et garçons en situation de handicap. Il s’agit de les accompagner à préparer leur projet de vie professionnelle, défendre leurs droits et devenir des citoyens acteurs de changements positifs pour la société.

Quel est votre rôle dans le cadre de ce projet ?

Le premier consiste à renforcer les capacités des éducateurs dans les ONG partenaires pour mettre en œuvre des activités de sensibilisation afin d’accroître la prise de conscience des parents, des élèves, des dirigeants communautaires sur les droits des enfants dans divers aspects de la vie, en particulier dans l’éducation. Les formations sont axées sur les stratégies d’éducation inclusive. Mon second rôle consiste à fournir un soutien technique lié à la « formation pré-professionnelle » pour les ONG partenaires. L’objectif est de proposer des formations professionnelles pratiques sur différents métiers. Enfin, je suis également chargée de fournir un soutien aux éducateurs des ONG partenaires afin d’améliorer leurs performances sur des services spécialisés aux enfants en situation de handicap ou à leurs parents.

Comment travaillez-vous au quotidien avec les jeunes ?

Le conseiller technique travaille pour les enfants. Tout d’abord, en améliorant les compétences des éducateurs des ONG partenaires sur l’utilisation de programmes spécialisés, puis, en formant les enseignants aux stratégies d’inclusion scolaire. Il s’agit par exemple d’expliquer la leçon en fonction des différences individuelles des élèves ou encore de former des groupes hétérogènes d’élèves pour garantir l’activation d’une approche d’enfant à enfant. Cela nécessite des compétences dans la gestion d’une salle de classe inclusive mais également un choix d’outils spécialisés et éducatifs. La motivation de l’enseignant joue un rôle clé dans le processus d’intégration scolaire.

Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien ?

J’observe parfois un refus du personnel scolaire d’accepter l’inclusion de jeunes en situation de handicap dans les écoles. Par ailleurs, de nombreux parents d’élèves (en situation de handicap ou non) refusent l’intégration d’élèves en situation de handicap par peur d’un effet négatif sur leurs enfants. Certains enseignants sont réticents à changer la stratégie utilisée dans l’enseignement, préférant les méthodes traditionnelles. Le manque d’outils pédagogiques et le nombre d’élèves par classe (de 90 à 120), sont également des freins à l’inclusion.

Quels sont les moyens pour surmonter ces difficultés ?

Il peut s’agir de mettre en place des campagnes de sensibilisation. Intégrer un enseignant spécialisé apporte également des résultats très positifs. Il faut aussi trouver des solutions avec les enseignants et les parents : formations, réunions de sensibilisation, adaptation des bâtiments scolaires etc. Équiper les centres de documentation des écoles inclusives avec des outils spécialisés s’avère aussi efficace.

Que vous apporte cette fonction sur le plan humain ?

J’éprouve un sentiment de satisfaction et de fierté dès lors que j’accompagne des partenaires et que cela leur est bénéfique sur le long terme. Le fait de travailler avec différentes catégories sociales a amélioré mes capacités à pouvoir satisfaire les besoins et accompagner des groupes cibles composés d’enfants en situation de handicap, qui restent grandement marginalisés. Je suis heureuse, en sensibilisant les familles aux droits de leurs enfants en situation de handicap, de pouvoir améliorer leur accès à l’école et leur intégration dans la société.

Le programme multi-pays « Cap jeunesse » est financé à hauteur de 60% par l’AFD. Il est également soutenu par des entreprises et fondations partenaires : le Fonds de dotation Technip Energies, Mille et un Repas, la Fondation Sancta Devota, la Fondation Valoris, la Fondation Air France et la Fondation Sawiris.