Vers une éducation plus inclusive pour les personnes malvoyantes

25 novembre 2022

Le projet « Grandir Ensemble » a démarré en 2019 au Burkina Faso pour une durée de 2 ans. Il vise à assurer des dépistages précoces de déficience visuelle via un accompagnement adapté pour les enfants de 3 à 6 ans. Il consiste aussi à améliorer l’éducation préscolaire inclusive. L’objectif est d’opérer un changement dans les pratiques pédagogiques en milieu scolaire afin de répondre aux besoins spécifiques d’enfants malvoyants. Ce dispositif a déjà porté ses fruits pour le handicap visuel et se poursuit avec une nouvelle phase de projet incluant dorénavant d’autres formes de handicap. 

Une campagne de sensibilisation et de dépistage 

La première phase du projet reposait essentiellement sur la tenue de campagnes de sensibilisation. Six séances de sensibilisation, déclinées selon différentes approches ont été menées avec des professionnels médicaux en affections oculaires du Centre National de Lutte contre la Cécité (CNLC). La principale zone d’intervention se situe autour de l’École des Jeunes Aveugles (EJA) à Ouagadougou. 

Sur une même journée, deux modes d’action sont mis en place pour sensibiliser. Dans un premier temps, des spectacles de sensibilisation sont animés par des troupes de théâtre, dit «théâtre forum». Fortement apprécié par les populations, ce type d’animation est souvent utilisé en milieu rural, il est également d’une grande efficacité en ville. La troupe fait partie de l’Association pour le Développement des Personnes Handicapées Visuelles (ADPHV). Elle est expérimentée dans la sensibilisation aux stigmatisations vécues par les personnes malvoyantes ou aveugles. Puis, l’unité mobile du CNLC accueille le public afin de dépister les enfants. Il s’agit d’une camionnette munie d’un équipement ophtalmologique. Aller en direction des enfants pour mener des opérations de dépistage est un élément clé de la réussite de ce projet. Faute de temps et de moyens, nombreux sont les parents qui ne peuvent effectuer les déplacements vers les centres de santé spécialisés.

L’ensemble de ces actions permettent de venir en aide à des enfants issus de foyers particulièrement vulnérables. Grâce aux recommandations d’une évaluation externe, le projet a été repensé entre la fin de la phase 1 et la phase 2 qui a débuté en octobre 2021. Ainsi, la sensibilisation communautaire continue, incluant désormais d’autres formes de handicap.

Face à la pandémie, le maintien des opérations

Malgré une crise sanitaire mondiale qui aurait pu empêcher la réalisation des activités, les objectifs fixés ont été atteints. Dans le respect des gestes barrières, ces campagnes de mobilisation se sont soldées par un franc succès. Sur 918 personnes sensibilisées, 543 sont des enfants. Le dépistage a permis de toucher 568 personnes, dont 353 enfants. Par ailleurs, les équipes d’Asmae et les partenaires sur le terrain ont apporté une aide supplémentaire lors de la réalisation de ces actions, comme en témoigne Ilboudo, mère de Salomon, un enfant de 5 ans scolarisé en grande section à l’EJA : « Nous sommes bénéficiaires du projet Grandir Ensemble depuis maintenant un an. Pendant la pandémie de la Covid-19, nous avons aussi été aidés grâce au projet avec des dons de vivres. En ce qui me concerne, j’ai reçu du lait, de l’huile et du riz. Cela nous a permis de tenir pendant la période du confinement ».

Une éducation plus inclusive

Depuis 2015, Asmae soutient l’École des Jeunes Aveugles dans la promotion de la préscolarisation des enfants en situation de handicap visuel. Cela s’est traduit par l’ouverture d’une classe pilote de petite section inclusive, accueillant des enfants malvoyants et aveugles au même titre que des enfants voyants. Cette initiative se poursuit avec le projet Grandir Ensemble, et sa deuxième phase.

Pour préparer les enfants ayant une déficience visuelle à intégrer l’école, de multiples activités sont mises en place. Parmi elles : éveil, développement d’aptitudes et compétences cognitives et sociales. Les enfants développent peu à peu des comportements collaboratifs, d’entraide et de solidarité. C’est ce que constate Ilboudo sur son enfant : « Sa scolarisation l’a aidé à se sociabiliser et a permis un grand changement de comportement chez lui. Nous avons, par exemple, eu un long weekend avec un jour férié et il était très content à l’idée de retrouver ses camarades de classe. L’avenir de mon enfant sera assuré grâce à l’instruction qu’il reçoit. Le handicap n’est pas un frein. [Ces enfants] ont besoin d’être accompagnés, d’être encouragés et suivis de bout en bout ».

Pour aller vers une inclusion plus complète, d’autres formes de handicap liées à des déficiences auditives, motrices et mentales sont dorénavant prises en considération dans la mise en œuvre des activités. La mère d’un enfant handicapé moteur scolarisé à l’EJA en témoigne : « Depuis que mon fils de 5 ans va à l’école, beaucoup d’améliorations se sont produites. Maintenant il sort avec le déambulateur, alors qu’avant il restait collé à moi dans la maison ».

L’intervention précoce est une stratégie pérenne pour une société plus inclusive. Les enfants se construisent dans la diversité et développent une sensibilité aux besoins des autres.

Asmae remercie chaleureusement ses partenaires : la Fondation Pro Victimis, la Fondation L’Occitane et la Coopération monégasque, pour leur contribution financière à la réalisation de ce projet.